Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/300

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entrés avec une grande armée en Piémont ; le duc de Savoie se défendoit avec une armée non moindre que la leur, en laquelle les Français accouroient de toutes parts, nonobstant les défenses que le Roi pût faire au contraire. Les offices du marquis de Rambouillet ne faisoient pas grand effet auprès du duc, qui disoit n’oser désarmer le premier, de peur que les ministres d’Espagne, en la parole desquels il ne se fioit pas, prissent ce temps d’envahir ses États ; mais il reconnut que ce n’étoit qu’un prétexte pour continuer la guerre, d’autant que, pour découvrir son intention qu’il tenoit cachée, lui ayant proposé exprès des conditions fort avantageuses pour lui à la charge qu’il désarmât le premier, il y consentit ; ce dont le marquis avertit Leurs Majestés, afin que, puisque ledit sieur duc agissoit avec fraude, elles convinssent avec le roi d’Espagne des conditions justes et raisonnables avec lesquelles elles le contraignissent de désarmer le premier. Le commandeur de Sillery en traita à Madrid, et en demeura d’accord avec les ministres d’Espagne. Le duc en ayant avis se résolut de ne pas obéir ; à quoi il étoit fortifié par les ambassadeurs d’Angleterre et de Venise qui étoient près de lui, et beaucoup de grands qui lui écrivoient de France que, quoi que lui dît le marquis de Rambouillet, îe Roi ne l’abandonneroit point.

Le marquis y remédia, faisant que Leurs Majestés écrivissent en Angletere et à Venise, pour savoir s’ils vouloient assister le duc de Savoie, en cas qu’il refusât des conditions justes et raisonnables sous lesquelles il pût sûrement désarmer le premier, Sa Majesté lui promettant de le secourir de toutes