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plus honnêtes femmes et filles la visitoient, elle eut moyen d’épandre en leur esprit les semences de cette opinion, et l’inclination naturelle que nous avons au péché, et la facilité d’y consentir, en persuada un grand nombre à suivre son exemple. Ce mal alloit toujours croissant, jusqu’à ce qu’étant découvert par un confesseur, l’inquisition en fut avertie, et la béate et son moine envoyés à Rome, où ils furent châtiés.

En même temps, un autre Italien, nommé Côme, abbé de Saint-Mahé en Bretagne, à qui la reine Catherine de Médicis avoit fait du bien, lequel étoit aimé du maréchal d’Ancre, qui se servoit de lui en plusieurs choses, ayant vécu toute sa vie en un grand libertinage, mourut sans vouloir reconnoître pour rédempteur celui devant lequel il alloit comparoître pour être jugé. Le maréchal d’Ancre fit de grandes instances afin qu’on l’inhumât en terre sainte ; mais l’évêque de Paris y résista courageusement, et le fit jeter à la voirie.

Ce prodige fit que le Roi, par un édit nouveau, bannit tous les Juifs, qui depuis quelques années, à la faveur de la maréchale d’Ancre, se glissoient à Paris.

Mais la hâte que le Roi a de partir pour son voyage nous rappelle, et ne nous permet pas de faire une plus longue digression.

M. le prince ayant, comme nous avons dit ci-dessus, écrit au Roi, par M. de Pontchartrain, qu’il ne l’y pouvoit accompagner, Sa Majesté ensuite manda, par toutes les villes de son royaume, qu’elles se tinssent sur leurs gardes, ne donnassent entrée à aucun des princes et seigneurs unis à M. le prince.