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du Roi même, en laquelle un meurtrier hérétique avoit été délivré, et un catholique non condamné meurtri, fut trouvée si mauvaise, que le Roi, sur la plainte du parlement, trouva bon qu’il donnât un arrêt pour en informer, et un autre de prise de corps contre ceux qui étoient accusés de ce crime ; mais l’affaire ne passa pas plus avant, Sa Majesté, par sa piété, donnant son intérêt à l’Église.

Cependant l’assemblée de ceux de la religion prétendue à Grenoble, ayant su que le Roi avoit déclaré, passant à Poitiers, M. le prince et ses adhérens criminels de lèse-majesté, voyant que les affaires s’échauffoient, et que l’armée de M. le prince avoit déjà passé une partie des rivières, et s’approchoit du Poitou, eurent volonté de transporter leur assemblée à Nîmes, où ils seroient en lieu plus commode pour délibérer et résoudre librement ce qu’ils voudroient.

Le maréchal de Lesdiguières, auquel ils en demandèrent avis, le leur déconseilla, leur représentant qu’ils ne pouvoient, de leur autorité privée, transférer ladite assemblée sans préjudicier à l’édit de Nantes, et qu’ils ne devoient même le faire sans le communiquer premièrement aux provinces ; qu’il n’est plus temps de penser au retardement du mariage, qu’on en est trop avant ; que le Roi ayant gagné ce point, comme on ne l’en pouvoit empêcher, il s’accorderoit facilement avec M. le prince.

Mais ces remontrances ne produisirent autre effet, sinon qu’ils le soupçonnèrent d’être faux frère, et de prendre plus d’intérêt en la volonté du Roi qu’au bien de leur parti.

Ils s’en allèrent à Nîmes où ils attendoient les nou-