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voit à Fontarabie, et au 9 on fit l’échange des deux princesses au milieu de Bidache ou d’Irun, avec toute l’égalité qui se put entre les deux nations.

La Reine entra à Bayonne le 11 novembre, où le sieur de Luynes arriva le jour même de la part du Roi, avec une lettre de Sa Majesté, par laquelle il lui offroit et donnoit en son royaume le même pouvoir qu’il y avoit, et lui témoignoit l’attendre avec impatience à Bordeaux, où elle arriva le 21 ; et dès le lendemain se fit la bénédiction nuptiale, avec un contentement indicible du Roi et de tout le peuple.

Quatre jours auparavant, le cardinal de Sourdis fit une action qui témoignoit, ou le peu d’estime en laquelle étoit en ce temps-là l’autorité royale, ou la hardiesse inconsidérée de celui qui l’entreprit impunément.

Un huguenot nommé Hautcastel, coupable de mort par plusieurs crimes, s’étant rendu dans les prisons sur la parole dudit cardinal, qui croyoit avoir tiré promesse de la Reine de lui faire donner sa grâce, ayant été promptement condamné par le parlement à être exécuté dans la prison même auparavant qu’elle fût expédiée, le cardinal, sur l’avis qu’il en eut, s’y en alla comme pour l’exhorter à se convertir, et y étant entré le délivra par force, étant assisté de plusieurs hommes armés qu’il avoit amenés avec lui pour cet effet ; mais le geôlier, qui étoit gagné et avoit concerté avec ledit cardinal qu’il feindroit, pour sa décharge, de vouloir faire quelque résistance, fut tué par les siens qui n’en avoient pas été avertis.

Cette action d’un cardinal et archevêque, faite en plein midi, non-seulement à la face de la cour, mais