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déjà dit, il avoit eu le gouvernement d’Amboise, et depuis avoit encore eu, par ce même moyen, en ce voyage, la charge de capitaine des gardes pour Brantes, son troisième frère, et avec diverses gratifications que la maréchale sollicitoit avec grand soin pour eux.

Il la vint avertir, comme son serviteur obligé, que ledit Sauveterre avoit une étroite intelligence avec le chancelier, et à heures secrètes l’avertissoit de ce qui se passoit chez la Reine, et lui dit encore que ledit Sauveterre parloit mal de la Reine au Roi, et la mettoit mal en son esprit. Il fit en sorte que le Roi même dit à la Reine qu’il lui disoit souvent qu’elle aimoit mieux Monsieur, son frère, que lui, et qu’il étoit aisé à juger de son visage quand l’un ou l’autre entroit en sa chambre, et qu’on avoit mille peines à obtenir d’elle tout ce qu’on demandoit pour Sa Majesté.

La Reine envoya querir Sauveterre, et le lui reprocha avec grande colère. Il se défendit jusqu’à ce que la Reine lui dît que c’étoit le Roi même qui l’en avoit avertie ; mais lors il avoua sa faute, et supplia seulement la Reine de lui faire donner récompense de la charge de premier valet de la garde-robe du Roi qu’il avoit ; ce qu’elle fit.

Leurs Majestés partirent enfin de Bordeaux le 27 décembre, et arrivèrent le 29 à La Rochefoucauld, où ils passèrent le premier jour de l’an.

Cette année le cardinal de Joyeuse mourut en Avignon chez monsignor de Bagny, vice-légat d’Avignon, ayant long-temps devant été averti qu’il se donnât de garde des bains ; ce qu’il ne devina jamais