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Du côté des princes aussi il y avoit divers sentimens. M. le prince, les dues de Mayenne et de Bouillon vouloient la paix ; le premier espérant de s’établir dans les conseils de sorte qu’il en demeureroit le chef, et que, toutes choses passant par son avis, il auroit moyen de faire ses affaires.

Le duc de Mayenne craignoit que le parti des huguenots, qui étoit fort en son gouvernement, prît trop d’avantage et profitât le plus de cette division.

Le troisième se voyoit vieux, vouloit conserver Sedan à son fils, craignoit de le mettre en hasard, et avoit aussi quelque espérance qu’aidant à la paix, cela obligeroit le Roi à lui donner part dans les affaires. En quoi il montroit la faiblesse de l’esprit de l’homme, qui, quelque grand et expérimenté qu’il soit, ne se peut empêcher d’espérer ce qu’il désire ; car il avoit eu assez de sujet, depuis la régence, de se détromper de cette prétention.

Le duc de Longueville étoit d’opinion contraire, par la seule crainte qu’il avoit que le maréchal d’Ancre en la paix lui fît perdre le crédit qu’il avoit en son gouvernement.

Mais les ducs de Sully, de Rohan et de Vendôme, et tout le parti huguenot, ne vouloient ouïr parler de paix en aucune façon, si ce n’étoit avec des conditions si indignes, que nul de ceux du conseil n’eût osé proposer à Sa Majesté de les accepter.

Il n’y eut artifice dont ils ne se servissent, ni raisons qu’ils ne représentassent à M. le prince pour le tirer à leur avis. Ils lui représentoient qu’il partageoit avec le Roi l’autorité en ce royaume tandis qu’il avoit les armes à la main, et qu’il pouvoit facilement