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LIVRE VII.


[1616] Cette année bissextile, qui a été remarquable par les mutations extraordinaires de l’air, l’a été davantage par les effets prodigieux que nous verrons en ce royaume durant son cours, pendant lequel les cœurs seront si acharnés à la rebellion, que, nonobstant une paix en laquelle on se relâchera jusqu’au-delà de leurs désirs, ils conserveront encore leur malignité, osant se porter à des entreprises si pernicieuses, que l’on sera contraint, avec très-grand regret, de les mettre, non sans péril, en état auquel ils ne les puissent exécuter.

Quelques-uns conseilloient au Roi de poursuivre à outrance les princes, lui représentant de la facilité à les ruiner, leurs troupes n’étant ni égales en nombre ni si bien armées que celles de Sa Majesté, outre qu’elle avoit déjà plusieurs fois éprouvé que leur malice étoit telle, qu’elle s’irritoit par la douceur des remèdes, et que sa bonté royale ne servoit qu’à les rendre plus audacieux.

Mais les plus foibles conseils étant quelquefois les plus agréables, pour éviter la peine qu’il y avoit d’exécuter les plus forts, ceux qui lui conseillèrent de ne poursuivre pas les princes jusqu’à l’extrémité, et qu’il valoit mieux au Roi, en ce temps, avoir que faire la guerre contre ses sujets, prévalurent, sous couleur qu’il étoit plus glorieux de vaincre par équité que par sang répandu, et par justice et bon droit que par armes.