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rendre, par le duc de Nevers, l’état de colonel de la cavalerie légère, dont il étoit honoré avant sa prison.

Leurs Majestés récompensèrent aussi ceux qui avoient des places fortes et le domaine du Roi en Berri, afin de satisfaire à la promesse qui avoit été faite à M. le prince.

Le maréchal d’Ancre remit la citadelle d’Amiens entre les mains du duc de Montbazon, à qui, en outre, le Roi donna la lieutenance en Picardie, au lieu de celle de Normandie qu’il avoit. Et, afin que le maréchal d’Ancre ne perdît point en cet échange, ains au contraire trouvât son élèvement en l’abaissement qu’on lui avoit voulu procurer, on lui donna la lieutenance de roi en Normandie, le gouvernement de la ville et château de Caën dont on retira Bellefond, celui du Pont-de-l’Arche, et peu après Quillebeuf.

Les princes, nonobstant que Leurs Majestés témoignassent, par ces commencemens, vouloir exécuter ponctuellement ce qui avoit été promis, ne se hâtoient point de venir à Paris, chacun d’eux désirant laisser écouler davantage de temps pour voir plus assurément quel train prendroient les affaires.

Ils s’étoient néanmoins séparés avec assez mauvaise intelligence les uns d’avec les autres, ce qui arrive ordinairement entre personnes desquelles chacun estimant plus mériter qu’il ne vaut, nul n’est content de la part qui lui est donnée en la récompense commune. Ils se plaignoient tous que M. le prince avoit pris tout l’avantage pour lui. Les ducs de Rohan et de Sully, qui prétendoient être seuls qui avoient joint à ses armes le parti des huguenots, estimoient qu’il avoit eu trop peu d’égard à leurs intérêts. M. de