Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/338

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au chancelier de rapporter les sceaux au Roi ; ce qu’il fit, et se retira de la cour.

L’éloignement du président Jeannin et de M. de Villeroy étoit aussi déjà résolu, mais ce dessein n’éclatoit pas encore, Barbin, à qui la Reine avoit donné la charge du premier, ayant cru devoir différer à la recevoir jusqu’à ce que Leurs Majestés fussent de retour à Paris, et la paix bien assurée.

Leurs Majestés y arrivèrent le 16 de mai, et y donnèrent les sceaux à M. du Vair ; le président Le Jay fut remis en liberté, et rentra en l’exercice de sa charge au parlement. Mais une liberté plus chère et moins espérée fut rendue, et plus volontiers, au comte d’Auvergne[1], que Leurs Majestés, ne sachant plus à qui des princes avoir une confiance entière, délivrèrent comme une créature anéantie à laquelle ils auroient donné l’être de nouveau. Il avoit été mis deux fois à la Bastille par le feu Roi, pour crime de rebellion et entreprises contre Sa Majesté, au service de laquelle il ne s’étoit jamais comporté de la sorte qu’il étoit obligé par sa condition. Son premier arrêt ne l’ayant rendu sage, il n’y avoit point d’espérance que celui-ci dût prendre fin ; mais ce que son propre mérite lui dénioit, la malice des autres le lui fit obtenir, sous espérance que la grandeur de cette obligation dernière surmonteroit les mauvaises inclinations qui avoient paru en lui auparavant ; et, afin que la grâce fût tout entière, Sa Majesté lui fit

  1. Au comte d’Auvergne : Charles de Valois, fils naturel de Charles IX, et frère de la marquise de Verneuil, maîtresse de Henri iv. Ayant bien servi Louis xiii, il obtint en 1619 le duché d’Angoulême, dont il prit le nom.