Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/349

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dessein, y étant induit par le sieur du Perron, frère du cardinal, qui étoit de long-temps affectionné aux ducs d’Epernon et de Bellegarde, et parce que de soi-même il n’aimoit pas le maréchal, qui lui avoit semblé ne tenir pas de lui le compte qu’il devoit. Lors ils commencèrent à rallier tous les ennemis du maréchal d’Ancre, non dans la cour seulement, mais dans le parlement et dans le peuple même qui l’avoient en horreur.

Il les aidoit par ses imprudences à se fortifier, ne se retenant en aucune de ses passions, quoi qu’il lui en pût arriver.

Durant la conférence de Loudun, ayant été fait à Paris une expresse défense à ceux qui gardoient les portes de laisser passer aucun sans passeport, un cordonnier picard, sergent du quartier de la rue de la Harpe, l’arrêta le samedi de Pâques à la porte de Bussy, dans son carrosse, refusant de le laisser sortir s’il ne montroit son passeport, à faute de quoi il le contraindroit de rebrousser chemin. En ce contrast il se passa plusieurs choses et se dit plusieurs paroles, qu’un seigneur français, né en un climat plus benin, eût oubliées, mais qui tenoient à cœur au maréchal, qui, s’en voulant venger, remit à le faire quand le Roi seroit de retour à Paris, auquel temps il y auroit plus de sûreté pour lui. Pour cet effet il commanda à un de ses écuyers d’épier l’occasion de rencontrer ce cordonnier hors des murailles de la ville, pour le châtier de l’affront qu’il estimoit avoir reçu de lui. Il le rencontre, le 19 de juin, au faubourg Saint-Germain, et le fait battre si outrageusement par deux valets qu’il avoit avec lui, qu’il le laissa pour mort.

Cette action renouvela la mémoire de celle de