Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/350

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Riberpré, qu’il avoit voulu faire assassiner l’année de devant, et celle du sergent-major Prouville, qu’il avoit fait tuer à Amiens ; de sorte qu’elle fut poursuivie avec tant de chaleur qu’il n’osa l’avouer, et ses valets, par arrêt de la cour, furent pendus le 2 de juillet, devant la maison du picard, et son écuyer se garantit par sa fuite. Mais ces punitions, au lieu d’apaiser la haine du peuple, ne faisoient que l’animer davantage contre lui, qu’il eût voulu être perdu avec les siens.

En même temps M. de Longueville, qui étoit mécontent en sa maison de Trie, s’imaginant que tandis qu’il demeureroit chez lui on n’avanceroit rien en ses affaires, se résolut d’aller en Picardie et y faire quelque remuement. Il en donne avis à messieurs de Mayenne et de Bouillon, qui agréent son voyage comme faisant à leur dessein contre ledit maréchal, et lui offrent leur assistance et celle de M. de Guise. Il part, il va à Abbeville, il y est reçu avec grande démonstration d’amitié par les habitans.

M. le prince cependant s’achemine à la cour. Passant à Vilbon, chez M. de Sully, il apprend quelque chose de la conspiration qui se tramoit contre le maréchal d’Ancre, et ne voulant ni offenser la Reine et rentrer en nouvelle brouillerie, ni abandonner les princes, il fut sur le point de prendre quelque prétexte pour s’en retourner et remettre son arrivée à quelque temps de là ; mais la crainte qu’il eut de donner soupçon à la Reine fit qu’enfin il passa outre, et arriva à Paris le 20 de juillet, allant droit descendre au Louvre, où il reçut de Leurs Majestés toute la bonne chère qu’il eût su désirer ; mais les Parisiens témoi-