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pour ce qu’il se tenoit assuré du maréchal et de sa femme, qui, dès incontinent après la paix de Loudun, lui avoient témoigné se vouloir lier avec lui d’une étroite intelligence, qu’ils avoient toujours recherchée auparavant, ainsi que l’on peut voir par le cours de cette histoire, s’étant portés, autant qu’ils avoient pu, à toutes les choses qui étoient de son contentement.

Le maréchal et sa femme l’avoient vu si puissant en ces mouvemens passés, qu’ils croyoient que, l’ayant pour ami, il ne leur pouvoit mésavenir ; et M. le prince, qui savoit que leur entremise auprès de la Reine lui étoit avantageuse, feignit de les recevoir entre ses bras, et agréer leur bonne volonté : ce dont ils étoient si transportés d’aise, que non-seulement ils tenoient peu de compte de messieurs de Guise et d’Epernon, avec lesquels, durant cette dernière guerre, il avoient contracté amitié, mais ils les abandonnèrent entièrement, et tous ceux qui avec eux avoient servi le Roi en cette dernière occasion. En quoi ils agissoient en favoris aveugles, que la fortune plutôt que le mérite avoit élevés, lesquels, se voyant en un degré si inespéré et disproportionné à ce qu’ils valent, sont si éperdus et hors d’eux-mêmes, qu’ils ne voient pas les choses les plus visibles et palpables qui sont à l’entour d’eux.

Car, premièrement, ils ruinoient le service de Leurs Majestés, qui étoit néanmoins le fondement de toute leur subsistance ; d’autant que, un chacun voyant qu’on n’avoit aucun gré, honneur, ni récompense d’avoir servi le Roi, mais, au contraire, que ceux qui avoient desservi étoient caressés et gratifiés, l’offense