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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/353

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du mauvais traitement que l’on recevoit, augmentée par l’exemple du bon traitement des autres, faisoit perdre la fidélité à ceux que l’intérêt ni l’espérance des biens n’avoient pu jusques alors faire éloigner de leur devoir ; joint que les plus prudens ne vouloient plus encourir pour néant la mauvaise grâce de ces princes, lesquels étoient pleins de ressentimens contre ceux qui n’avoient pas été de leur parti, et du côté du Roi on n’avoit point de soin de ceux qui avoient servi.

En second lieu, ils n’étoient pas bien avisés de croire que M. le prince les pût aimer, sinon en tant que ses affaires et les occasions, qui en la cour changent tous les jours, le pourroient requérir, et de ne pas considérer que cette liaison si étroite feroit qu’ils l’auroient continuellement sur leurs épaules en toutes les choses qu’il auroit, pour lui et pour les siens, à demander à la Reine, quelque impertinentes qu’elles fussent ; et qu’outre que ces demandes leur pourroient quelquefois causer quelque refroidissement de la Reine, qui s’en sentiroit importunée, comme ils avoient déjà avec grand péril expérimenté, quand ils lui auroient aujourd’hui obtenu une chose, il leur en demanderoit demain une autre ; et, quelque service qu’ils lui eussent rendu auparavant, s’ils manquoient une seule fois à faire ce qu’il désireroit, tout seroit oublié, et ils l’auroient pour ennemi, comme ils l’avoient déjà éprouvé ès affaires du Château Trompette et de Péronne, où, n’ayant pu surmonter l’opposition des ministres en l’esprit de la Reine, M. le prince s’étoit déclaré leur ennemi, nonobstant tous les bons offices qu’il avoit reçus