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d’eux ; outre que la posture en laquelle ils étoient d’étrangers et favoris de la Reine, noms qui sont d’ordinaire l’objet de la haine des peuples, les rendoit à M. le prince le plus spécieux et presque l’unique prétexte de prendre les armes contre l’autorité du Roi, sous couleur de la vouloir maintenir.

Mais, soit qu’ils eussent peu de jugement, qu’ils fussent prévenus, ou que leur mauvaise fortune les entraînât dans la ruine, ils ne s’aperçurent point de leur faute ; et au lieu de demeurer entre M. le prince et l’autre parti, l’obligeant en choses justes sans desservir les autres, et demeurant par leur faveur comme le lien de tous les deux sans prendre parti et se joindre ni à l’un ni à l’autre, ils se donnèrent à M. le prince, qui ne se donna pas à eux, et perdirent les autres, qui, pour leur foiblesse, ayant besoin d’eux, s’y désiroient plus fidèlement tenir unis. Ils allèrent même jusques à cet excès vers M. le prince, qu’ils crurent tellement qu’il leur suffisoit de l’avoir pour ami, qu’ils méprisoient même ceux qui étoient de son parti, et dédaignoient de les entretenir ; dont le duc de Bouillon ne se put tenir de se plaindre à Barbin, qui, étant homme de bon jugement, leur en dit son avis, mais en vain.

Cependant M. le prince avoit tout à souhait : il partageoit l’autorité que la Reine, sous le bon plaisir du Roi son fils, avoit aux affaires, et quasi l’en dépouilloit pour s’en revêtir. Le Louvre étoit une solitude, sa maison étoit le Louvre ancien ; on ne pouvoit approcher de la porte pour la multitude du monde qui y abordoit. Tous ceux qui avoient des affaires s’adressoient à lui ; il n’entroit jamais au