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Majestés lui dissent, quand il prit congé d’elles, des paroles qui pouvoient gagner un autre cœur que le sien, ceux qui le connoissoient ne crurent pas en devoir attendre aucun fruit, et ne furent pas trompés en leur opinion. Car le duc de Mayenne y ayant, par son avis, envoyé, tambour battant et enseignes déployées, des gens de guerre des garnisons de Soissons, Noyon et Chauny, il y mena aussi des capitaines et des ingénieurs pour défendre la place, qui étoit une action bien éloignée de la charge qu’il avoit prise de la remettre en l’obéissance du Roi. Ce qui contraignit enfin la Reine d’y envoyer le comte d’Auvergne, avec une partie du régiment des Gardes et quelques compagnies de cavalerie, pour investir cette place.

On savoit bien que ce n’étoit pas des forces suffisantes pour la prendre, mais on le faisoit à dessein, premièrement de reconnoître si les princes avoient résolu de faire la guerre, puis de leur faire paroître que le Roi étoit délibéré de s’y opposer avec plus de vigueur que par le passé, comme aussi de leur ôter le sujet d’être à Paris en alarme du Roi, lequel, par ce moyen, étoit destitué d’une bonne partie des forces dont il avoit accoutumé d’être accompagné, et de leur donner lieu de faire éclore plutôt leurs mauvais desseins, s’ils en avoient, contre lesquels Sa Majesté s’étoit sous main préparée sans qu’ils s’en donnassent de garde, d’autant qu’ils l’avoient en mépris par la foiblesse qu’ils avoient éprouvée en ses conseils jusqu’alors.

La Reine, ayant reconnu ès mouvemens passés qu’en matière de soulèvement de peuples, les bruits les