Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/365

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vouloir dépendre absolument de ses volontés ; ou, s’il les crut, les faveurs qu’il venoit de recevoir ne le rendirent pas meilleur, mais bien celle qui les avoit faites moins prévoyante. Au lieu de veiller sur ses actions elle se fia sur ses promesses, elle crut l’avoir gagné par bonté au lieu de l’éloigner par prudence. En un mot, elle pensa l’avoir attaché par l’intérêt à son devoir, l’avoir rendu homme de bien par la maxime des méchans ; mais elle n’eut pas le loisir de vieillir en cette créance, comme nous verrons ci-après.

Pour revenir aux princes, ils n’étoient pas d’accord en leurs opinions dans les assemblées qu’ils faisoient de nuit contre Sa Majesté ; car, selon que les uns et les autres étoient plus ou moins violens en leurs passions, et avoient plus ou moins perdu la crainte de Dieu et le respect dû à la majesté royale, les propositions qu’ils faisoient étoient différentes.

Les uns, qui étoient les plus modérés, étoient d’avis que l’on se saisît de la personne du maréchal d’Ancre pour le livrer au parlement, auquel on présenteroit requête pour lui faire faire son procès.

Les autres passoient plus avant, et, se défiant que quelque aversion que le parlement eût de lui, le Roi y seroit le plus fort et le retireroit de leurs mains, vouloient qu’étant pris on l’enlevât de Paris, et qu’on le mît en garde en quelqu’une de leurs maisons fortes, ou des places dont ils étoient gouverneurs. Mais il y en eut qui allèrent jusque-là d’opiner qu’il n’en falloit point faire à deux fois, qu’un homme mort ne pouvoit plus leur nuire, et qu’il étoit plus sûr de s’en défaire tout d’un coup.