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Cela se traitoit entre eux, nonobstant l’assurance que M. le prince lui donnoit de le défendre contre tous des entreprises que l’on pourroit avoir contre sa personne : en quoi se voit le peu de foi qu’on doit avoir à ceux qui ne sont pas maîtres d’eux-mêmes, mais esclaves de leur ambition. Il avoit néanmoins raison de lui avoir promis, car il l’en garantit par foiblesse et par crainte d’exécuter ce qu’il vouloit et avoit résolu.

Un jour qu’il fit un festin solennel à l’ambassadeur extraordinaire d’Angleterre, le maréchal d’Ancre ne se doutant de rien le vint visiter ; tous ces princes y étoient, et en si grande compagnie, qu’ils se pouvoient rendre maîtres de sa personne pour en faire ce que bon leur sembleroit. Ils en pressèrent M. le prince, lui réprésentant que l’occasion ne s’offriroit pas toujours si belle ; mais ils ne l’y surent jamais faire résoudre, et il remit la partie à une autre fois.

Barbin, qui avoit lors crédit dans l’esprit de la Reine, voyant cette grande liaison de tous les princes, qui étoit si publique qu’on ne s’en cachoit plus, conseilla à la Reine d’essayer à retirer M. de Guise d’avec eux, et le conserver au service du Roi, duquel il croyoit avoir sujet de mécontentement par l’abandon que le maréchal avoit fait de son amitié pour rechercher celle de M. le prince.

Il l’alla trouver de sa part, lui dit que Sa Majesté se ressouvenoit des services qu’il lui avoit rendus en l’occasion dernière ; que si elle oublioit les desservices de ceux qui s’étoient dévoyés du droit chemin pour le bien de la paix, qu’elle vouloit conserver à quelque prix que ce fût, elle se souviendroit à jamais