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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/367

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qu’il étoit quasi le seul des princes qui étoit demeuré dans le devoir ; qu’elle savoit qu’il avoit des différends pour divers sujets avec aucuns d’eux ; qu’elle le prioit de passer les choses le plus doucement qu’il pourroit, mais que s’il étoit question d’en venir à rupture, il fût assuré qu’elle ne l’abandonneroit point.

Le duc de Guise reçut cet office avec un grand témoignage de ressentiment, après avoir fait quelque plainte de ce que, les autres princes ayant pris les armes contre le Roi, on s’étoit servi de lui, et la paix faite on ne l’avoit plus regardé, et eux, au contraire, avoient toute autorité, et ayant différend avec lui pour les rangs, lui feroient un de ces jours une querelle d’Allemand, et lui joueroient un mauvais tour. Le lendemain il alla trouver la Reine, et lui fit mille protestations de sa fidélité envers et contre tous.

Cela ne le retira pas de la mauvaise volonté qu’il avoit contre le maréchal d’Ancre, ni peut-être de tout le mécontentement qu’il avoit de la Reine, à laquelle il ne pouvoit attribuer les actions du maréchal et de sa femme ; mais au moins lui fit-il perdre une partie de l’aigreur qu’il avoit.

Étant assemblé à quelques jours de là avec les conjurés, M. le prince proposa qu’il se falloit hâter de faire ce qu’ils avoient entrepris, et se chargea de l’exécuter lui-même ; mais il ajouta que, comme c’étoit une action qui auroit beaucoup de suites, il falloit penser plus avant, et prévoir à ce qu’ils feroient pour se défendre de la Reine, laquelle demeureroit si mortellement offensée qu’infailliblement elle se vengeroit d’eux, et le pourroit faire sans difficulté, ayant toute l’autorité royale en sa puissance, et ne