Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/370

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La Reine, qui ne vouloit venir qu’à l’extrémité aux derniers remèdes, après avoir jeté plusieurs larmes de s’y voir quasi contrainte, voulut encore auparavant essayer un remède de douceur, par lequel elle fit voir à tous les peuples le désir qu’elle avoit que les affaires pussent souffrir une conduite bénigne, et à tous les princes qu’ils n’en étoient pas encore où ils pensoient, et que la plupart de ceux qui leur promettoient étoient en leurs cœurs serviteurs du Roi, et les abandonneroient quand ce viendroit au point d’exécuter l’entreprise qu’ils avoient faite.

Elle parla à tous les seigneurs de la cour l’un après l’autre, et leur fit voir le procédé qu’elle avoit tenu dans son gouvernement jusques alors, combien elle avoit relâché de l’autorité du Roi pour maintenir les choses en paix, le mésusage que de mauvais esprits en avoient fait. Il n’y en eut quasi un seul de tous ceux à qui elle parla qui ne revînt de bon cœur à vouloir servir le Roi, et ne l’assurât de sa fidélité envers et contre tous.

Ces choses qui étoient publiques ne pouvoient pas être célées à M. le prince et aux siens ; mais les choses en étoient venues si avant, et ils croyoient leur parti si fort, qu’ils ne désistèrent point pour cela, et la résolution et le courage que la Reine montra ne leur fit point de peur.

Comme néanmoins la difficulté des entreprises paroît plus grande quand on est sur le point de les exécuter, qu’elle ne paroissoit à la première pensée que l’on a eue, et que d’abondant l’esprit de M. le prince étoit irrésolu et avoit peu de fermeté, il se trouva en telle perplexité, quand le temps arriva de faire ce