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qu’il avoit promis aux siens, que s’étant retiré à Saint-Martin seul, il envoya querir Barbin, et lui dit qu’il étoit en la plus grande peine où il s’étoit jamais trouvé, et qu’il y avoit trois heures qu’il ne cessoit d’épandre des larmes, d’autant que ces princes le pressoient de conclure, ou le menaçoient de l’abandonner, ce que s’ils faisoient, il savoit bien que la Reine le mépriseroit incontinent ; qu’à la vérité, il étoit en un tel état qu’il ne lui restoit plus qu’à ôter le Roi de son trône, et se mettre en sa place ; que c’étoit trop, mais aussi que d’être abaissé jusqu’au mépris, il ne le pouvoit souffrir, joint qu’il voyoit les affaires à un tel point, et une si grande conjuration de tous les princes contre le Roi, qu’il ne croyoit pas, quand même il se mettroit du parti de Sa Majesté, qu’il fût le plus fort.

Barbin lui répondit que sa qualité et sa naissance le garantissoient d’être méprisé, que la Reine lui avoit témoigné l’estime qu’elle faisoit de lui, qu’elle auroit toujours volonté de lui augmenter plutôt que de diminuer sa puissance.

Quant au parti du Roi, qu’il n’étoit point si foible qu’il s’imaginoit, que tous ceux qu’il pensoit être liés avec les princes ne l’étoient pas, que le seul nom de roi étoit extrêmement puissant, que tout ce qu’on entreprendroit contre son autorité seroit un feu de paille qui ne dureroit point.

Lors M. le prince, revenant un peu à soi, lui dit que la Reine chassât le duc de Bouillon hors de la cour, qu’il le brouilloit et tourmentoit son esprit, qu’il lui falloit avouer qu’il avoit un grand ascendant sur lui, que, lui dehors, il tourneroit les autres princes