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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/372

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comme bon lui sembleroit. Barbin, qui ne savoit s’il lui parloit à dessein pour découvrir son sentiment, lui répondit que la Reine les affectionnoit tous, qu’elle désiroit les contenter, et maintenir la paix en ce royaume. Quant à M. de Bouillon, s’il y avoit quelque commission honorable et digne de lui donner hors de la cour, elle le feroit volontiers, et qu’il falloit qu’en cela M. le prince lui aidât.

Cet entretien fini ils se séparèrent. M. le prince retournant en son logis y trouva M. de Bouillon qui l’attendoit, et qui sut si bien l’ensorceler par ses discours, qu’il lui fit prendre des pensées et des résolutions toutes nouvelles : à quoi son esprit, en l’état où il se trouvoit, n’étoit pas mal disposé, car l’ordinaire de ceux qui sont éperdus de crainte, c’est de croire que les nouveaux conseils sont toujours les meilleurs, qu’il y a plus d’assurance autre part que là où ils se trouvent, et que tout ce qu’on leur propose est plus assuré que ce qu’ils avoient pensé. Il le fit résoudre de pousser les choses jusqu’à l’extrémité ; et, rompant avec le maréchal d’Ancre, lui envoie dire, comme une parole de défi, qu’il ne vouloit plus être son ami. Une des principales raisons par lesquelles le duc de Bouillon l’y anima, fut qu’il lui dit que le maréchal s’étoit moqué de lui sur le sujet du démariage d’avec madame la princesse, qu’il lui avoit fait espérer d’obtenir de Rome, et ne le faisoit pas néanmoins.

M. le prince donna cette commission à M. l’archevêque de Bourges, qui, trop hâté valet, s’en alla de ce pas chez le maréchal d’Ancre, où il trouva Barbin que ledit maréchal avoit envoyé querir, et l’abbé