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prirent le chemin de Bondy, envoyèrent à Paris pour savoir ce qui s’y passoit, et particulièrement de M. de Vendôme ; mandèrent au cordonnier Picard qu’ils étoient prêts d’entrer dans la ville avec cinq cents chevaux, et que, de son côté, il essayât de les assister, émouvant le plus de peuple qu’il pourroit.

Incontinent après que M. le prince fut arrêté, une grande foule de noblesse vint au Louvre pour se montrer et donner assurance de sa fidélité. Tel le faisoit sincèrement, tel avec intention et désir tout contraire ; mais il n’y en avoit pas un qui n’approuvât ce que Sa Majesté avoit fait ; beaucoup même témoignoient envier la fortune du sieur de Thémines, qui avoit eu le bonheur d’être employé en cette entreprise ; mais, en effet, la cour étoit si corrompue pour lors, qu’à peine s’en fût-il trouvé un autre capable de sauver l’État par sa fidélité et son courage.

Le duc de Guise, ni le cardinal son frère, n’y osèrent venir, mais y envoyèrent le prince de Joinville, pour faire bonne mine et découvrir s’ils étoient ou non de ceux qu’on devoit arrêter. Il ne manqua pas de donner de grandes assurances à Leurs Majestés de ses frères et de lui. La Reine, assez grave de son naturel et peu caressante, et alors encore lassée de la presse qui étoit au Louvre et de la chaleur qu’elle causoit, lui répondit peu de chose, et lui fit assez froide mine. Ce qui lui ayant été remontré, et que cela peut-être leur donneroit l’alarme, elle fit appeler M. de Praslin, qu’elle savoit être des amis particuliers de M. de Guise, et lui commanda de l’aller trouver, et l’assurer, lui et ses frères, que le Roi avoit confiance eu eux et les estimoit ses fidèles serviteurs.