Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/388

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Cet envoi tint le duc de Guise en son irrésolution ordinaire, et l’empêcha de prendre déterminément parti avec les autres princes et les laisser venir chez lui, où il eût fallu lier la partie avec eux, qu’il eût bien voulu laisser agir sans y paroître. Mais ce qu’il leur manda les empêcha de pousser plus avant le dessein qu’ils avoient d’entrer dans Paris, où, s’ils fussent venus, il y a beaucoup d’apparence qu’ils eussent pu chaudement émouvoir le peuple, qui ne manquoit que de chef et de quelqu’un qui osât commencer le premier.

Madame la princesse de Condé la mère eut bien le cœur de sortir de sa maison et de s’en aller jusques sur le pont Notre-Dame, criant partout aux armes, et que le maréchal d’Ancre avoit fait tuer le prince de Condé son fils. Chacun l’écoutoit avec étonnement et pitié ; mais, comme elle étoit seule, elle ne les encourageoit pas à ce qu’ils eussent bien désiré s’ils eussent été assistés. Le cordonnier Picard, excité par ce que lui avoient mandé les princes, fit seul quelque effet, et commença une émotion en son quartier ; mais, pour ce qu’il n’y avoit aucun homme de qualité pour conduire cette multitude, l’orage qu’il émut ne tomba que sur la maison du maréchal d’Ancre et celle de son secrétaire Corbinelli, qui, avec une extraordinaire furie, furent pillées sans qu’il y restât que les pierres et le bois, le pillage continuant encore le lendemain tout le jour ; outre que le bon ordre qui fut mis dans Paris modéra le feu en la plupart des esprits judicieux ; car, premièrement, la Reine fit donner avis au parlement de ce qui s’étoit passé, envoya quelques seigneurs de la part du Roi par les