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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/397

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méfier de lui. Pour essayer de le gagner tout-à-fait à eux, ils lui rendoient tout l’honneur qu’ils pouvoient, et lui déféroient davantage qu’ils n’eussent fait sans cela, lui donnant lieu d’espérer qu’ils le reconnoîtroient tous pour leur chef, fors M. de Longueville qui y montra de la répugnance. Cela n’empêcha pas qu’ils ne prissent tous ensemble une résolution commune de faire, chacun de son côté, le plus de levées qu’ils pourroient, pour, dans douze jours après, se trouver aux environs de Noyon, où ils avoient assigné leur rendez-vous général, en dessein d’aller avec ces forces, qu’ils n’espéroient pas devoir être moindres de huit à neuf mille hommes de pied, et quinze cents ou deux mille chevaux, droit aux portes de Paris, pour combattre les troupes du Roi si elles s’opposoient à leur chemin, et voir quel mouvement leur venue pourroit causer dans les esprits mécontens à Paris.

Ce conseil si bien pris n’eut pas le succès qu’ils espéroient ; car, bien qu’ils se fussent tous séparés pour faire leurs levées, M. de Guise étant allé à Guise, M. de Mayenne à Soissons, M. de Bouillon à Sedan, M. de Longueville à Péronne, le marquis de Cœuvres à Laon, et M. de Vendôme à La Fère, plusieurs d’entre eux jouèrent à la fausse compagnie, comme on fait en toutes ligues, où chacun pensant à son intérêt particulier, qui ne dépend pas de celui des autres, se détache du lien commun qui leur sert de prétexte plutôt que de véritable sujet de ce qu’ils font.

M. de Guise fut le premier qui manqua à ce qu’il avoit promis. Dès qu’il fut arrivé à Guise, il dépêcha un gentilhomme à M. de Lorraine, pour le prier d’être