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au Pape et au roi d’Espagne. Et, pour ce qu’il espéroit aussi de disposer les princes d’Allemagne à y contribuer, il désira d’aller en ambassade extraordinaire vers l’Empereur, sous couleur de se réjouir, de la part de Sa Majesté, de sa nouvelle assomption à l’Empire ; et, avant partir, il porta à la Reine un livre où il espéroit de faire signer tous ceux qui voudroient contribuer en cette affaire, et la supplia d’y vouloir signer en tête pour quatre cent mille écus. Après avoir reçu d’elle toutes les satisfactions qu’il avoit désirées, il partit au commencement d’août pour son voyage.

Étant sur les frontières de Champagne, il reçut la nouvelle de la prise de M. le prince, et non-seulement s’arrêta, mais eut bien l’audace d’écrire au Roi, sur ce sujet, des lettres qui étoient bien au-delà du respect que lui et autres plus relevés que lui devoient à Sa Majesté. La Reine dissimula pour lors le mécontentement qu’elle en devoit recevoir ; mais néanmoins, voyant sa mauvaise volonté, donna ordre qu’on ne le reçût en aucune des villes fortes de son gouvernement. Ensuite de quoi, voulant entrer dans Châlons avec dessein de s’en saisir, on lui en ferma les portes, dont il fut tellement outré de déplaisir, que, sans plus de retenue, il se déclara tout ouvertement, et manda aux princes assemblés à Soissons qu’il vouloit être des leurs.

Cependant les députés du Roi arrivèrent à Villers-Coterets, et, n’ayant pas charge d’aller jusqu’à Soissons, convinrent, avec les princes, d’une ferme nommée Cravausson, distante d’une lieue de Soissons, où ils se trouvèrent ensemble la première fois.