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Le garde des sceaux, que l’on voyoit bien qui ne faisoit qu’à regret délibérer de cette affaire, et qui montroit dans son visage la peine de son esprit, éclata alors, et dit à Barbin qu’il se trompoit s’il pensoit le rendre ministre de ses conseils violens. L’autre loi répondit assez modestement qu’il étoit homme de bien, qu’il disoit son avis, qu’ils étoient tous assemblés pour cela, et qu’il falloit prendre les opinions. À quoi le garde des sceaux dit qu’il n’en feroit rien, jusqu’à ce qu’il fût avec des gens qui entendissent les affaires. Barbin se leva et lui dit : « Je suis seul qui peut-être ne les entends pas ; tous ces messieurs qui restent ici les entendent, et il y en a plusieurs entre eux qui les entendoient très-bien lorsque vous n’en aviez jamais ouï parler : » et cela dit, il s’en alla au Louvre, où il raconta ce qui s’étoit passé à Leurs Majestés.

Cependant l’heure du conseil des affaires arrivant, le garde des sceaux vint au Louvre. La Reine lui demande si on avoit eu le procès-verbal de l’exempt, et s’il étoit à propos de le lire devant tous les princes et seigneurs qui étoient là. Le garde des sceaux n’en étant pas d’opinion, Barbin fit instance qu’on le lût, afin que chacun connût l’insolent procédé du duc de Nevers. Étant lu, il n’y eut personne qui ne le blâmât, et qui n’avouât que Leurs Majestés en devoient témoigner du ressentiment. La Reine demanda au garde des sceaux ce qu’il lui en sembloit ; il recula un pas en arrière sans rien dire : elle, étonnée, le lui redemanda encore jusqu’à trois fois, sans qu’il lui répondît aux deux suivantes autrement qu’à la première. Ce que le Roi trouva si mauvais, outre qu’il