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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/408

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étoit déjà mécontent de la rudesse de son esprit, de son peu d’expérience dans les affaires, de voir que la plus saine partie du clergé se plaignoit de lui et qu’il étoit en réputation d’être peu affectionné à la religion, que Sa Majesté, de son propre mouvement, se porta à dire à la Reine qu’il le falloit éloigner, lui envoya, dès le soir, redemander les sceaux, et les donna au sieur Mangot, et m’honora de la charge de secrétaire d’État, que ledit sieur Mangot exerçoit lors. Peu de jours auparavant j’avois été nommé pour aller en Espagne ambassadeur extraordinaire, pour terminer plusieurs affaires, auxquelles le comte de La Rochefoucauld fut désigné après moi. Par mon inclination je désirois plutôt la continuation de cet emploi, qui n’étoit que pour un temps, que celui-ci, la fonction duquel étoit ordinaire. Mais, outre qu’il ne m’étoit pas honnêtement permis de délibérer en cette occasion, où la volonté d’une puissance supérieure me paroissoit absolue, j’avoue qu’il y a peu de jeunes gens qui puissent refuser l’éclat d’une charge qui promet faveur et emploi tout ensemble. J’acceptai donc ce qui me fut proposé en ce sujet par le maréchal d’Ancre de la part de la Reine, et ce d’autant plus volontiers que le sieur Barbin, qui étoit mon ami particulier, me sollicitoit, et m’y poussoit extraordinairement.

Incontinent que je fus en cette charge, le maréchal me pressa fort de me défaire de mon évêché, qu’il vouloit donner au sieur du Vair. Mais, considérant les changemens qui pouvoient arriver, tant par l’humeur changeante de ce personnage, que par les accidens qui pouvoient arriver à sa fortune, jamais je n’y