Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/419

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faire paroître d’en avoir du côté des Vénitiens. Diverses propositions sont faites ; ils ne peuvent convenir, mais s’arrêtent sur des pointilles ; le Roi est convié d’être de la partie, le duc de Savoie le semond de le défendre, selon qu’il y est obligé par le traité d’Ast, et dépêche au maréchal de Lesdiguières, afin que, sans attendre autre commandement de Sa Majesté, il lui envoie des troupes, comme il lui a été promis. Le maréchal de Lesdiguières passe à Turin, fait lever quantité de gens de guerre, leur fait passer les Monts, de sorte que le duc de Savoie se vit avec une armée de treize à quatorze mille hommes de pied, dont il y avoit dix mille français, en état de se défendre contre celle de don Pedro de Tolède, bien qu’elle fût plus forte de la moitié. Ce qui lui fait plus de peine est le duc de Nemours, qui, s’étant, du commencement, chargé de faire quelques levées pour son service dans le Faussigny et le Génevois, tourna ses armes contre lui-même, non tant pour quelque nouveau sujet de mécontentement qu’il eût reçu, que pour l’ulcère que de longtemps il avoit dans le cœur, de ce qu’espérant hériter de ses biens il l’avoit premièrement, dès l’année 1611, empêché d’épouser mademoiselle d’Aumale ; puis, sous une fausse amorce de lui faire épouser une de ses filles, lui faisoit couler les années les unes après les autres pour le faire vieillir sans se marier. Il fit alliance avec l’Espagne, passa en Franche-Comté où il leva des troupes, demande passage par la France pour entrer en Savoie, ce qu’on ne lui voulut pas souffrir, sinon que ses gens passassent un à un comme faisoient ceux qui alloient au service du duc de Savoie : ce qui étoit ne rien promettre ; car ceux qui