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alloient trouver le duc de Savoie passoient sûrement un à un, d’autant que partant de France ils entroient immédiatement en Savoie, qui étoit terre amie, au lieu que les autres entroient de France en Savoie comme en terre ennemie, et partant n’y pouvoient passer un à un sans rencontrer la mort au même passage. Le duc de Montéléon fit tant d’instances, et sut si bien représenter que les troupes du duc de Nemours étoient quasi toutes dissipées, et que cette permission, qu’il demandoit au nom de son maître, n’étoit que pour la réputation de leur alliance, qu’enfin il obtint ce qu’il désiroit. Un nommé Lassé, trésorier de France à Bourges, fut choisi pour porter le commandement au duc de Bellegarde de leur laisser le passage libre par la Bresse, et lui dire à l’oreille qu’on savoit très-bien que cela ne pouvoit porter préjudice au duc de Savoie, d’autant que ces troupes prétendues étoient si foibles qu’elles n’oseroient passer. Mais Lassé, qui fut gagné par l’ambassadeur de Savoie, ne dit pas le mot à l’oreille au duc de Bellegarde, lequel, pour ce sujet, n’obéit pas au commandement qui lui étoit fait ; ce qui obligea le duc de Nemours de tenter le passage par la vallée de Cizery, où à peine il se présenta, que ses troupes s’enfuirent à la présence du régiment du baron de Sancy et de quelques autres régimens français, que le duc de Savoie envoya pour s’opposer à elles. Cette déroute fut suivie d’un traité entre les ducs de Nemours et de Savoie, le 14 de décembre, par lequel ils convinrent de tous leurs différends.

Le roi d’Espagne cependant faisoit faire plainte en France de l’assistance qu’on donnoit au duc de Savoie.