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m’avoit prescrits, d’en délivrer les brevets, aimant mieux perdre ses bonnes grâces sans honte, que les conserver avec foiblesse au préjudice de la Reine. Cette action de courage me rendit tellement son ennemi qu’il ne pensa plus qu’aux moyens de s’en venger. Il est fâcheux à un homme de cœur d’avoir à répondre à des personnes qui veulent des flatteurs et non pas des amis, qu’on ne peut bien servir sans les tromper, et qui aiment mieux les choses agréables qu’utiles ; mais si ce mal est extrême il ne laisse point d’être ordinaire. Sous le règne des favoris il n’y en a point à qui la tête ne tourne en montant si haut, qui d’un serviteur n’en veuille faire un enclave, d’un conseiller d’État un ministre de leurs passions, et qui n’entreprenne de disposer aussi bien de l’honneur que des cœurs de ceux que la fortune leur a soumis.

Or, comme la vengeance se fait des armes de tout ce qui se présente à elle, il tâcha de persuader à la Reine que j’étois partial de la Reine sa fille, ma première maîtresse, que j’étois en secrète intelligence avec les princes, que je lui avois dit une fois, sur le sujet de la rebellion des grands qui étoient unis à M. le prince, que, le Roi ayant témoigné qu’il étoit maître en réduisant à l’extrémité ceux qui d’eux-mêmes ne s’étoient pas rangés à leur devoir, il étoit à propos qu’il témoignât qu’il étoit père, recevant à miséricorde ceux qui avoient failli.

Au milieu de ces mauvais offices, il ne laissa pas de se vouloir servir de Barbin et de moi, pour demander en sa faveur le gouvernement de Soissons, si proche de sa perte qu’il l’estimoit déjà pris. Ces