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Or, bien que cet homme désirât donner à un chacun grande opinion de sa faveur, si est-ce que sa fin principale étoit d’étonner les ministres par les apparences de son crédit, pour disposer absolument de leurs volontés, et faire qu’ils déférassent plus à ses désirs qu’aux commandemens de la Reine leur maîtresse. Mais on peut dire qu’en ces épines ils marchèrent à pas de plomb, qu’ils cheminèrent par la voie de leur conscience, mais avec le plus grand tempérament qu’ils purent pour empêcher la connoissance et l’éclat de ses désordres. S’ils crurent quelquefois sa puissance être telle qu’il y avoit plus à perdre qu’à gagner à faire des actions hardies, ils ne la conçurent jamais assez grande pour les contraindre à en faire de lâches et contraires à leur devoir.

Un jour M. de Villeroy, qui avoit plus part dans son alliance par le mariage que l’on projetoit de son petit-fils avec sa fille, que dans son affection, ayant obtenu de la Reine, qui n’a jamais refusé de grâces si elles n’ont été préjudiciables à l’État, une gratification importante, le maréchal d’Ancre vint trouver le secrétaire de ses commandemens pour le prier de deux choses : de n’en point délivrer d’expédition, et de rejeter sur la Reine la haine du refus.

J’exerçois lors cette charge, et le priai de m’excuser si je ne pouvois satisfaire à son désir, vu que la Reine ne pouvoit avec honneur révoquer une grâce qu’elle avoit accordée, ni lui en sa conscience donner à sa maîtresse le blâme d’une faute qu’elle n’avoit point commise.

Le maréchal ne se voulant point contenter de ces raisons, je ne laissai point, contre les ordres qu’il