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bloit que Dieu l’eût rendue si accomplie, que l’art, qui porte envie à la nature, eût eu peine à beaucoup ajouter à son avantage.

L’amour étant impatient, ce grand prince envoie promptement offrir sa couronne à cette princesse ; et Dieu, qui ordonne souvent les mariages au ciel avant qu’on en ait connoissance en terre, fait que, bien qu’elle eût refusé la couronne impériale, elle accepte avec contentement celle qui lui étoit présentée ; faisant voir par cette action qu’il faut avoir plus d’égard au mérite qu’à la qualité des personnes, et qu’une dignité inférieure en un prince de singulière recommandation, surpasse la plus grande du monde en un sujet de moindre prix.

Le traité de ce mariage n’est pas plutôt commencé par le sieur de Sillery, qui depuis a été chancelier de France, qu’il se conclut et s’accomplit à Florence, en vertu de la procuration du Roi portée au Grand-Duc par le duc de Bellegarde[1], le tout avec des magnificences dignes de ceux entre qui il se contracte.

Le passage de cette grande princesse se prépare : elle part du lieu de sa naissance ; la mer et les vents lui sont contraires, mais son courage, sa fortune et son bonheur sont plus forts.

Elle arrive à Marseille, qui lui fait connoître que les cœurs des Français lui sont aussi ouverts que les portes de la France.

Aux instantes prières de celui qui l’attend avec impatience, sans s’arrêter en ce lieu, elle passe outre pour aller à Lyon, où ce grand prince, vrai lion en guerre et agneau en paix, la reçoit avec une joie

  1. Roger de Saint-Lary, baron de Thermes, duc de Bellegarde.