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incroyable, et des témoignages d’amour correspondans à ceux du respect qu’elle lui rendoit.

D’abord il tâche de la voir sans être connu d’elle, à cette fin il paroît dans la foule ; mais, bien que d’ordinaire ce qui se loge au cœur y prenne entrée par les yeux, l’amour que le ciel lui avoit mis au cœur pour ce grand prince le fit discerner ses yeux.

Dieu, vrai auteur de ce mariage, unit leurs cœurs de telle sorte, que d’abord ils vécurent avec autant de liberté et de franchise, que s’ils eussent été toute leur vie ensemble.

Toute la cour n’ouvre les yeux que pour la voir et l’admirer, et ne se sert de sa langue que pour louer et publier la France heureuse par celle qu’on prévoyoit y apporter toutes les bénédictions.

La paix, qui fut faite au même temps avec le duc de Savoie, fut reçue comme prémices du bonheur qu’elle apportoit avec elle.

Elle vint à Paris, cœur de ce grand royaume, qui lui offre le sien pour hommage.

Dans la première année de son arrivée en France, Dieu, bénissant son mariage, lui donna un dauphin, non pour signe de tempête, mais, au contraire, pour marque assurée qu’il n’en peut plus venir qui ne soit calmée par sa présence.

Un an après, accouchant d’une fille, elle donne lieu à la France de se fortfier par alliance.

Ensuite, Dieu voulant donner de chaque sexe autant de princes et princesses à ce royaume qu’il a de fleurs de lis, il lui donna trois fils et trois filles[1].

  1. Louis xiii, le duc d’Orléans, mort en 1611, et Jean-Baptiste Gaston, qui fut plus tard duc d’Orléans ; Élisabeth, mariée à Phi-