Aller au contenu

Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/453

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jusqu’à l’extrémité. Et, comme si ce n’eût pas été assez pour ce perfide d’arriver au souverain gouvernement, il entreprit de s’y faire chemin et de s’y élever par ses propres ruines, sans entrer en considération qu’elle avoit jeté les premiers fondemens de sa fortune, avoit depuis comblé de biens ses frères et lui, et qu’à peine avoient-ils les mains vides de la charge de grand-fauconnier qu’elle leur avoit donnée.

Ceux qui ont le moins de mérite ont d’ordinaire le plus d’ambition, et, pour ce qu’ils n’ont aucune part en la vertu, pour en avoir les apparences ils veuleut usurper entièrement la récompense qui lui est due, et ne peuvent souffrir les puissances établies ou exercées par ses règles. Or, comme ceux qui ont écrit de l’art de bien tromper, nous apprennent que pour y bien réussir il faut donner quelquefois de véritables et salutaires avis, cet infidèle ne manqua point d’apporter cette industrie à la conduite de son fatal dessein.

Pour prendre ses sûretés il lui avoua souvent, durant qu’il faisoit ces trames, que force gens portoient le Roi à secouer le joug de son obéissance ; mais qu’il se falloit rire de leurs entreprises, parce que son maître avoit trop de confiance en lui pour lui en cacher les auteurs, et qu’elle l’avoit trop obligé pour n’en point empêcher l’effet. Il lui découvrit que M. de Lesdiguières avoit écrit et offert au Roi des forces pour le mettre hors de tutelle, pour le tirer de ses mains, c’est-à-dire pour renverser les lois de la piété naturelle et chrétienne. Sur les bruits qui couroient que le Roi n’étoit point satisfait d’elle, il la vint trouver avec Tronçon et Marsillac pour l’assurer du con-