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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/454

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traire, et lui protester qu’il ne se passeroit rien auprès de lui dont elle ne fût ponctuellement informée ; qu’il lui amenoit Tronçon et Marsillac, ses intimes amis, pour être cautions de sa fidélité, et lui faire reproche devant Dieu et le monde s’il manquoit à ses promesses.

Elle eut en ces témoins la croyance que leurs actions passées pouvoient mériter. L’un d’eux avoit vendu son maître, et l’autre déshonoré sa maison pour s’enrichir ; l’un portoit sur ses épaules des marques de sa trahison, et l’autre en la prostitution de ses sœurs des preuves de son infamie.

Enfin ce choix de deux cautions si mauvaises ayant fait connoître qu’elle étoit trompée, elle se résolut de prévenir le mal par une retraite volontaire, de laisser à d’autres la gloire du gouvernement.

N’ayant pu, quelque temps auparavant, venir à bout du traité de la Mirandole, comme nous avons dit ci-dessus, elle voulut essayer d’avoir du pape Paul V l’usufruit du duché de Ferrare sa vie durant ; mais sa chute arriva avant que sa négociation fût achevée ; car l’ardeur avec laquelle le maréchal d’Ancre se portoit à ruiner les ministres fut cause de hâter sa mort, et peut-être donna la résolution à Luynes de l’entreprendre.

Encore que nous sussions que cette inquiétude qu’il avoit étoit pour notre sujet et pour nous malfaire, nous usions néanmoins de telle discrétion et secret, qu’étant résolus de nous retirer jamais personne n’en sut rien. D’où il arriva que Luynes, qui étoit de son naturel fort timide et soupçonneux, qui sont deux conditions d’esprit qui s’accompagnent