Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/466

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mandassent les ténèbres ; et en parlant ainsi s’avança vers le Louvre. Mais, voyant qu’il n’y pouvoit entrer à cause que la porte étoit fermée, il entra chez le premier écuyer de la Reine, où j’ai dit que je l’avois trouvé, et ne voulut pas retourner chez lui, quoique ledit Desportes l’en pressât pour mettre ordre à ses papiers : à quoi il répondit qu’il avoit servi le Roi de sorte qu’il vouloit que non-seulement on vît ses papiers, mais son cœur. Quelqu’un lui vint dire alors qu’il y avoit un carrosse à six chevaux de l’autre côté de l’eau, qui l’attendoit pour l’emmener où il voudroit ; mais il fit réponse qu’il ne vouloit aller autre part qu’au Louvre ; et, se voulant mettre en état d’y aller à son tour, un exempt des gardes du corps vint avec des archers, et le ramena chez lui, où il vit incontinent entrer deux commissaires pour saisir ses papiers, savoir est Castille, intendant des finances, et Aubry, maître des requêtes et président du grand conseil, dont l’un ne savoit point le pouvoir de l’autre. Ils entrèrent en contestation dès la porte du logis, et se donnèrent quelques coups de poing à qui entreroit le premier, soit d’affection qu’ils avoient à faire leur charge, ou par la vanité de leur rang. Ils trouvèrent force lettres du maréchal d’Ancre, bien éloignées du style qu’ils pensoient, et d’autres papiers desquels ils n’y avoit aucun qui servît à leur dessein, mais au contraire étoient tous à l’honneur dudit Barbin.

Incontinent après que le maréchal fut tué, M. de Vitry alla à la chambre de la maréchale, qui étoit proche de celle de la Reine, l’arrêta prisonnière, et se saisit de tout ce qu’elle avoit dans la chambre, or, argent, bagues et meubles. Elle portoit sur elle les bagues de la