Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/470

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

hommes sages de l’antiquité ont dit, que les actions des rois ne sont pas justes pour ce qu’ils les font, mais pour ce que leur vie étant l’exemplaire de leurs peuples, ils la règlent selon la justice et l’équité, et, pour bien commander aux hommes qui leur sont sujets, obéissent à la raison, qui est un rayon ou une impression que nous avons de la Divinité, et à la loi de Jésus-Christ, qui nous enseigne que Dieu est le roi primitif, et que les rois ne sont que les ministres de son royaume, de l’administration duquel ils lui doivent rendre compte, et être jugés de lui avec plus de rigueur et de sévérité que ne seront pas les peuples qui leur sont sujets. Joint qu’il étoit aussi aisé au Roi de le faire prendre prisonnier dans le Louvre, qu’il lui avoit été d’y faire arrêter M. le prince, qui avoit toute la cour et tout le peuple et tous les parlemens en sa faveur, ce que celui-ci n’avoit pas ; joint que la Reine sa mère, qui dès long-temps avoit volonté de le renvoyer en Italie, eût tenu à grande faveur du Roi qu’il l’y eût renvoyé s’il eût été arrêté prisonnier. Et partant ce fut un conseil précipité, injuste et de mauvais exemple, indigne de la majesté royale et de la vertu du Roi, qui n’eut point aussi de part en cette action, car il commanda simplement qu’on l’arrêtât prisonnier, et qu’on ne lui méfît point, si ce n’étoit qu’il mît le premier la main aux armes, de sorte qu’on ne pût l’arrêter qu’en le blessant.

Dès le jour même je fis savoir à la Reine, par Roger, son valet de chambre, la douleur que je ressentois de son malheur, auquel certainement je la servirois selon toute l’étendue de mon pouvoir.

Le lendemain, le corps du maréchal d’Ancre, qui