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aise de se servir de cela, et faire croire qu’il l’avoit fait à dessein. Mais le Roi étant au bas âge qu’il étoit, et lui n’ayant jusqu’à cette dernière journée fait autre métier auprès de lui que de le servir en ses passe-temps, et lui siffler des linottes, il semble qu’il eût été à propos qu’il eût choisi un autre lieu pour l’élever, principalement ayant volonté de suivre la piste du maréchal d’Ancre ; l’insolence duquel parut bientôt après avoir plutôt changé de sujet, passant dudit maréchal en lui, que non pas cessé d’être ; la taverne, comme dit peu après le maréchal de Bouillon, étant toujours demeurée la même, n’y ayant eu autre changement que de bouchon.

On a parlé diversement de ce conseil qu’il donna au Roi : les uns le louant comme un conseil extrême en un mal extrême, et l’estimant juste, nonobstant qu’il soit contre les formes, à cause que toutes les lois et les formes de la justice résidant comme en leur source en la personne du Roi, il les peut changer et en dispenser comme il lui plaît, selon qu’il le juge à propos pour le bien de l’État et la sûreté de sa personne, en laquelle tout le public est contenu. Mais cette opinion n’est guère dissemblable à celle du flatteur Anaxarque, qui disoit à Alexandre qu’on peignoit la justice et l’équité aux deux côtés de Jupiter, pour montrer que tout ce que les rois vouloient étoit juste ; et à celle des conseillers de Perse à leur roi barbare, auquel ils dirent qu’il n’y avoit point de lois qui permissent un inceste qu’il vouloit commettre, mais bien y en avoit-il une par laquelle il étoit permis aux rois de faire ce qu’ils vouloient. Mais elle est bien éloignée, et de tout ce que les