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loit pas au gouvernement de la Reine, mais à ceux qui, au préjudice de l’État, avoient abusé de sa bonté et de sa patience.

Luynes et Bressieux, contre la vérité et leur conscience, s’offrirent à servir de témoins contre lui, tous deux pour leur intérêt ; l’un pour la sûreté de sa vie, l’autre sur la croyance qu’il eut que, pour la perte d’une personne, il en acquerroit deux, les bonnes grâces du favori et celles de sa maîtresse.

Sur le sang de ce misérable, à l’exemple des païens qui juroient leurs alliances sur les victimes, ces messieurs se protestèrent une éternelle fidélité. Luynes disposoit entièrement de l’esprit du Roi, Bressieux prétendoit se rendre maître de celui de sa maîtresse, et tous deux, par une commune correspondance, se jouer de la fortune de cet État.

Il seroit difficile d’exprimer les sentimens de cette princesse affligée, quand elle apprit qu’un de ceux qui avoient contribué à sa ruine l’avoit voulu délivrer ; qu’un de ses domestiques par sa perfidie en avoit empêché l’effet ; que son ennemi capital avoit abusé du respect de son nom pour venger ses querelles propres et particulières. On ne peut douter qu’elle n’eût reçu avec plaisir la liberté dont elle étoit privée, mais la recevoir d’une si mauvaise main n’eût pas peu modéré sa joie ; elle n’avoit pu voir sans étonnement que trois personnes de peu eussent été cause de sa chute ; mais qu’un de ses serviteurs l’eût empêchée de se relever, elle ne le put ouïr sans une extrême douleur.

La mort de Travail, vu le mal qu’il lui avoit fait, ne pouvoit être qu’agréable à une grande princesse