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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/480

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et italienne, offensée jusqu’au point qu’elle étoit ; mais quand elle sut qu’il étoit mort pour l’avenir et non pour le passé, par vengeance et non par justice, qu’elle en étoit le prétexte et Luynes le sujet, elle cessa de s’en réjouir, et ne put souffrir sans regret que son nom eût servi à une si mauvaise cause. Mais il y a des temps où tout conspire à augmenter le mal et diminuer le plaisir des remèdes, où la fortune commence et ne peut achever son ouvrage, où, si on donne quelque espérance de liberté, c’est pour rendre la prison plus amère.

Ce misérable avoit fait profession des armes, et étoit huguenot en sa jeunesse ; depuis, s’étant rendu catholique, il se fit capucin, où l’austérité de la religion n’ayant pas eu la force de dompter la rudesse de son esprit, que le feu de la première ferveur avoit amolli durant le temps du noviciat, il commença à leur faire tant de peine qu’ils furent obligés d’en venir aux remèdes de la sévérité, par lesquels effarouché et aigri encore davantage, il s’en alla à Rome, l’an 1607, faire des plaintes de ses supérieurs à Sa Sainteté ; où ayant le cardinal Monopoli contraire, pour ce qu’il aimoit la religion des capucins, de laquelle il avoit été tiré et promu au cardinalat, il fit des accusations atroces contre lui-même à Sa Sainteté, et les soutenoit avec tant d’impudence, que ce bon prélat, qui mourut en même temps, fut jugé en être mort de regret. Il obtint enfin de Sa Sainteté absolution de son vœu et permission de vivre en prêtre séculier ; il prit bien l’habit de prêtre, mais non pas l’esprit de la prêtrise, ains plutôt celui de la profession qu’il avoit faite auparavant, jusqu’à ce qu’enfin Dieu, juste juge,