Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/490

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Cela fit voir à tout le monde qu’ils n’avoient poursuivi cette pauvre affligée que pour couvrir leur pauvreté de ses biens, mais bien plus aux juges mêmes, dont plusieurs furent trompés, et apprirent, à leur dam et au préjudice de leur conscience, qu’il ne faut point, sous la promesse d’un favori, outrepasser la ligne de la droiture dans les jugemens ; car l’avocat général Le Bret m’a dit que les imputations qu’on faisoit à la défunte étoient si frivoles, et les preuves si foibles, que, quelques sollicitations qu’on lui fit qu’il étoit nécessaire pour l’honneur et la sûreté de la vie du Roi qu’elle mourût, il ne voulut jamais donner ses conclusions à la mort que sur l’assurance qu’il eut, par la propre bouche de Luynes, qu’étant condamnée le Roi lui donneroit sa grâce ; et si Le Bret a été trompé sur cette fausse promesse, il est bien croyable que plusieurs autres juges l’ont été par la même voie. Mais le bon homme Deslandes, qui étoit l’un des rapporteurs, ne se laissa point surprendre à ce ramage, mais demeura dans l’intégrité de la justice, et refusa même de s’abstenir de se trouver au jugement, quelque instance qui lui en fût faite de la part de Luynes.

Les principaux chefs sur lesquels ils la condamnèrent, furent qu’elle étoit juive et sorcière, dont la principale preuve étoit l’oblation qu’ils prétendoient qu’elle avoit faite d’un coq, et les nativités du Roi et de messieurs ses frères qu’ils trouvèrent dans ses cassettes.

Il est vrai qu’elle se trouve saisie de la nativité de sa maîtresse et de celle des enfans que Dieu lui a donnés. Il se vérifie contre elle qu’au milieu de ses