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mari, poussés jusque sur le bord de leur ruine par elle, avoit le cœur le plus envenimé, ne se put tenir de fondre en larmes : de sorte qu’il est vrai de dire qu’elle fut autant regrettée à sa mort qu’elle avoit été enviée durant sa vie. La seule vérité m’oblige à faire cette remarque, et non aucun désir de favoriser cette femme aussi malheureuse qu’innocente, vu qu’il n’y a personne si odieuse qui, finissant ses jours en public avec résolution et modestie, ne change la haine en pitié, et ne tire des larmes de ceux mêmes qui auparavant eussent désiré voir répandre son sang.

La part que son mari et elle ont eue aux biens, aux grandeurs, au gouvernement de l’État, et aux bonnes grâces de la Reine, la montre pompeuse que la fortune a faite d’eux sur le théâtre de ce royaume, la passionnée et différente affection des peuples vers eux, et les divers jugemens qu’en a faits toute l’Europe, nous obligent, ce me semble, à dire quelque chose en bref de leur naissance, de leur fortune, de leurs mœurs, de leurs défauts, de leurs vertus, de leur vie et de leur mort ; répétant le moins qu’il se pourra les choses qui se trouveront dites d’eux au cours de cette histoire.

Le mari s’appeloit Conchino Conchini, étoit gentilhomme des meilleures maisons de Florence, comme en fait foi Scipio Aminirato, dans son livre des Maisons illustres. Son père avoit été gouverneur de don François de Médicis, père de la Reine mère, et seul ministre sous Côme, estimé pour le premier homme d’État d’Italie, au rapport de M. de Thou.

La jeunesse de Conchino fut agitée de plusieurs