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accidens, de prison, de bannissement, jusqu’à être réduit à être échanson du cardinal de Lorraine.

Peu de mois avant le mariage du Roi il retourna à Florence, où se trouvant peu de bien, troisième cadet d’une maison de dix mille ducats de rente, il fut aisé à persuader de venir avec la princesse Marie. Leonora Galigaï le regardoit déjà de bon œil, et l’aida de quelques deniers avant son partement, dont il acheta un cheval qu’ils appellent di rispeto, qui coûta deux mille ducats, duquel il fit présent au Roi.

Peu après son arrivée il épousa ladite Leonora, et en même temps eut crédit de mari de la favorite de Sa Majesté. Il fut premier maître d’hôtel de la Reine, et puis son premier écuyer. Après plusieurs fâcheuses rencontres, tant de l’aigreur de l’esprit de sa femme, qui ne se pouvoit rendre à parler au Roi avec le respect qu’elle devoit sur le sujet de ses amourettes, que de l’envie de don Joan, qui essaya de persuader au Roi qu’il seroit mieux en Italie que proche de la Reine, il gagna enfin crédit en l’esprit de Sa Majesté, tant parce qu’il étoit adroit aux exercices, aimoit le jeu, étoit d’humeur agréable, railleur et divertissant, que principalement pour ce qu’il le servoit à déguiser et à cacher ses amours à la Reine, et à divertir et à apaiser les orages de la jalousie, que le Roi ne pouvoit supporter.

Après la mort du Roi, sa fortune haussa et s’accrut avec l’emploi ; mais sa faveur commença à aller de soi-même, et vint à tel point, que, durant la dernière année de son pouvoir, sa femme y eut la moindre part.

Il étoit naturellement soupçonneux, comme Italien