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en l’esprit de plusieurs, et qu’il falloit lui donner loisir de prendre son temps.

Il me payoit de semblable monnoie en réponse des lettres que je lui écrivois, s’avouoit mon obligé, promettoit de m’assister, se plaignoit des ennemis que j’avois qui me faisoient tout ce mal, disoit être marri de ne pouvoir pas sitôt dissiper ces nuages, promettoit de le faire et de m’envoyer la permission du Roi de retourner. Autant m’en écrivoient Déageant et ceux de sa cabale, et que, dès qu’ils verroient le temps à propos, il enverroit vers la Reine l’avertir de me demander au Roi ; mais surtout qu’il ne falloit pas témoigner dans sa maison qu’elle désirât ardemment me faire retourner, car on feroit contre moi comme on avoit fait jusqu’alors.

La Reine, d’autre côté, me pressoit de la retourner trouver, d’autant que le sujet sur lequel étoit fondée la lettre du Roi étoit faux ; mais je ne le voulus pas faire, parce que je savois que cela eût été préjudiciable à son service, et voulus montrer l’exemple d’une obéissance parfaite, pour leur faire juger par elle la sincérité de mes actions précédentes.

Les six mois restans de l’année, je les passai en perpétuelles attaques de calomnies et fausses suppositions contre moi, tant qu’enfin ils restreignirent mon exil dans mon évêché.

J’espérois, en cette rencontre, recevoir de l’assistance du maréchal de Vitry, que j’avois obligé fraîchement quinze jours avant la mort du maréchal d’Ancre, et il me l’avoit promis. Mais il arriva que le sieur de Luynes ayant eu volonté d’avoir la capitainerie de la Bastille, qui étoit à la Reine, mais que