Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/513

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tous les jours, sous de faux donnés à entendre, on lui donnera de semblables mécontentemens, ce qui la feroit enfin résoudre de supplier le Roi de lui permettre de sortir hors du royaume, pour ne donner sujet de croire qu’elle fît des cabales, comme on la vouloit calomnier ; que, puisque le Roi lui fait l’honneur de le croire, il est obligé, en conscience, de lui remontrer qu’il ne doit point craindre de déplaire à quelques particuliers pour donner du contentement à sa mère, qui consiste au repos et tranquillité d’esprit qu’elle désire par-dessus toutes les choses du monde, et ne le peut avoir pendant que le Roi continuera de changer si soudainement ce qu’il lui a une fois accordé ; et qu’enfin, s’il ne peut quitter le doute qu’il a que je voulusse brouiller, elle lui répondoit de moi-même, et que la réponse d’une reine étoit suffisante pour un criminel, et que cependant, puisqu’elle ne m’avoit point renvoyé en ma maison, comme elle voyoit qu’on en vouloit prendre le prétexte, mais m’avoit seulement donné congé pour huit jours, elle m’avoit déjà mandé de la revenir trouver, et que le lendemain je serois auprès d’elle.

Ces lettres si affectionnées et si pleines de raisons ne servirent à autre chose qu’à faire qu’elle ne reçut pas un refus déterminé de ce qu’elle demandoit, mais seulement un délai, Luynes lui mandant qu’on avoit tant dit de choses au Roi contre moi, qu’il ne pouvoit pas sitôt lui faire agréer mon retour ; que tous les diables étoient déchaînés, ce n’étoit que médisances atroces, chacun parloit contre moi ; qu’il n’en croyoit rien, mais néanmoins que cela faisoit impression