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son âge caduc de la peine et de la sujétion qui est nécessaire auprès d’un prince de cet âge. Mais ce n’est pas assez qu’elle approuve les actions des autres, on lui veut faire confesser qu’elle s’est mal gouvernée en l’administration des affaires de l’État, qu’elle a gâté ce qu’elle a conservé.

Divers ambassadeurs vont vers elle pour la persuader d’écrire au Roi des lettres de cette teneur. Modène est choisi pour y employer son éloquence ; il va trouver Barbin avant que de partir, et lui dit premièrement que Luynes a volonté de se réconcilier avec la Reine ; et, pour commencer à lui en donner quelque témoignage, le veut envoyer de la part du Roi vers elle pour la visiter, mais qu’il n’ose entreprendre ce voyage, pour ce que depuis peu la Reine avoit dit qu’il y avoit quatre personnes auxquelles elle ne pardonneroit jamais : Luynes, Vitry, Ornano et lui.

Barbin, croyant qu’il lui dit vérité, l’encouragea à faire ce voyage, lui représentant la facilité que la Reine avoit à pardonner par l’inclination bénigne de son naturel, et l’obligation que le sieur de Luynes avoit, pour son propre bien, de l’en rechercher, attendu la piété du Roi, qui nécessairement le ferait enfin ennuyer du mauvais traitement que recevoit sa mère, et qu’il devoit craindre un changement de l’état présent de la Reine, ce qui pouvoit arriver par plusieurs accidens auxquels les affaires du monde sont sujettes ; que si cela arrivoit dans le mauvais traitement qu’elle recevoit, il n’y avoit lieu de la terre où il pût être assuré ; car, quand bien lors la Reine ne seroit pas sensible aux injures qu’elle avoit reçues,