Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/530

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Il approcha du Roi M. de Sillery et le président Jeannin, qui vivoient avec lui avec un grand respect et déférence. Le premier y étoit retenu par l’alliance du sieur de Puisieux son fils avec la fille aînée du sieur d’Alincour, qui lui apporta en dot, outre son bien qui étoit grand, la charge de secrétaire d’État qu’avoit M. de Villeroy, laquelle il exerçoit par indivis avec lui.

Incontinent après la mort du Roi, le chancelier s’en fit accroire : lors M. de Villeroy, pour se maintenir, commença à ployer sous lui. À ce commencement eux deux et le président Jeannin demeurant bien ensemble, et le favori, qui étoit le maréchal d’Ancre, n’osant pas encore les attaquer, et eux aussi n’ayant pas sujet de faire le même à son égard, ils subsistèrent tous ensemble, et résistèrent sans aucune difficulté aux efforts des grands du royaume, qui ne se soucient pas que les affaires publiques aillent bien pourvu que les leurs particulières soient en bon état. Ils le firent encore, bien qu’avec beaucoup de peine, tandis qu’il n’y eut point de cour contre eux trois, nonobstant que le favori et eux se fussent déclaré la guerre ; car ils se maintinrent, et résistèrent aux divers mouvemens et de lui et des grands, avec lesquels il s’étoit ligué contre eux. Mais, lorsque le chancelier eut perdu le lien de leur alliance en la mort de sa belle-fille, et, se voyant élevé par l’autorité de sa charge, et par celle du commandeur son frère auprès de la Reine, et son crédit près de la maréchale, ne voulut plus dépendre de compagnon, mais vivre en supérieur, le sieur de Villeroy s’aigrit aussi de son côté, et se mangèrent les uns les autres, donnant lieu au favori de