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la consolation qu’il eût pu recevoir d’un esprit qui eût eu de la complaisance et l’expérience des affaires, il le faisoit volontiers parce qu’il la trouvoit capable de secret.

La considération de son âge fit qu’il la pressa souvent de prendre connoissance des affaires, d’assister au conseil pour tenir avec lui le timon de ce grand vaisseau ; mais, soit que lors son ambition ne fût pas grande, soit qu’elle fût fondée en ce principe, qu’il sied bien aux femmes de faire les femmes, tandis que les hommes font les hommes comme ils doivent, elle ne suivit pas en cela son intention.

Il la mène en tous ses voyages, et, contre la coutume des rois, ils ne font deux chambres pour avoir lieu d’être le jour séparément.

Il la trouve tellement à son gré, qu’il dit souvent à ses confidens que, si elle n’étoit point sa femme, il donneroit tout son bien pour l’avoir pour maîtresse.

Deux fois en sa vie il la dépeint des couleurs qu’il estime lui être convenables.

Une fois, touché d’affection, après qu’il eut évité le péril qu’ils avoient couru de se noyer ensemble, et l’autre, piqué de colère sur le sujet de quelque passion qu’il avoit en la fantaisie ; la première, il loua grandement son naturel, parce qu’elle l’avoit demandé en ce péril, son courage, parce qu’elle ne s’étoit point étonnée, sa reconnoissance, parce qu’elle le pria instamment de faire du bien à celui qui avoit exposé sa vie pour les garantir de ce péril.

Et, prenant là-dessus occasion de rapporter les autres qualités qu’il avoit remarquées en elle, il la loua d’être secrète, parce que souvent il l’avoit pressée,