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parti, et le mettre par ce moyen en état d’être plus facilement détrompé de l’erreur de leur créance.

À ce propos, il confessa à la Reine qu’au commencement qu’il fit profession d’être catholique, il n’embrassa qu’en apparence[1] la vérité de la religion pour s’assurer en effet sa couronne, mais que, depuis la conférence qu’eut à Fontainebleau le cardinal du Perron avec du Plessis-Mornay, il détestoit autant par raison de conscience la créance des huguenots, comme leur parti par raison d’État.

En cette occasion et plusieurs autres il lui dit que les huguenots étoient ennemis de l’État, que leur parti feroit un jour du mal à son fils s’il ne leur en faisait ;

Que d’autre part elle avoit aussi à prendre garde à certaines personnes, qui, faisant profession de piété, par un zèle indiscret, pourroient un jour favoriser l’Espagne, si ces deux couronnes venoient en rupture, d’autant que la prudence des rois catholiques avoit été telle jusqu’alors, qu’ils avoient toujours couvert leurs intérêts les plus injustes d’un spécieux prétexte de piété et de religion ;

Qu’il étoit bien aise qu’elle sût que, comme la malice des uns lui devoit être perpétuellement suspecte, elle ne devoit pas être sans soupçon du scrupule des autres en certaines occasions.

Lorsqu’il avoit quelque affliction il s’en déchargeoit souvent avec elle ; et quoiqu’il n’y trouvât pas toute

  1. Il n’embrassa qu’en apparence : Cayet, ancien précepteur de Henri {rom|iv|4}}, beauconp mieux instruit que Richelieu, dit précisement le contraire. Il soutient que, dès l’année 1584, le roi de Navarre s’occupoit sérieusement de sa conversion. (Voyez cette particularité importante dans l’introduction aux mémoires relatifs aux guerres de religion, première série, tome 20, page 198.)