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étoient mécontens, ne manquoient pas de faire diverses propositions à ces fins : tous parloient selon leur passion, et peu faisoient des ouvertures raisonnables ; beaucoup échauffoient l’esprit de la Reine et des siens, et peu lui donnoient des remèdes. Enfin, après que l’on eut long-temps écouté ceux qui parloient sur ce sujet, entre autres le duc de Mayenne, le prince de Joinville, le cardinal de Guise, le duc de Bellegarde et autres particuliers ; après même qu’on eut consulté le duc de Bouillon, qui étoit tenu pour un oracle en telles affaires, on estima que le plus propre pour servir la Reine en cette occasion étoit le duc d’Epernon, tant à cause de son gouvernement qui étoit en lieu où il la pouvoit retirer aisément, qu’à cause de son humeur audacieuse, plus tenante que celle de tous les autres.

Chanteloube faisoit de Blois à Paris plusieurs voyages, inconnu, pour conférer avec tous ceux qui étoient plus propres à animer la Reine qu’à la secourir. Russelay, qui, quelque temps après la mort du maréchal d’Ancre, avoit obtenu permission de demeurer à la cour, sur la découverte qu’il fit à Luynes des deniers que le feu maréchal avoit à Rome sous son nom, et le service qu’il promit lui rendre pour les lui faire toucher, travailloit aussi de son côté, quoique sans commission et sans aveu, et avec si peu de discrétion, que les favoris, outrés de son insolence, le firent chasser de la cour ; ce qui l’anima, non-seulement à travailler plus que jamais à cette fin, mais lui donna commodité de le faire, vu qu’il se retira dans une abbaye qu’il avoit en Champagne, assez proche des ducs d’Epernon qui étoit à Metz, et de Bouillon qui